Ou : « La semaine où j’ai eu 16 ans, suivie du week end où j’ai réalisé que j’étais devenue une vieille walkyrie acariâtre»
ACTE 1 : LE DECOLLAGE (Intempestif) / « Cendrillon »
Mardi soir : Flash, Tadaaam, Pif Paf – feu d’artifice dans ma tête (voire dans mon cœur, selon certaines mauvaises langues) : Par le plus grand des hasards et dans les plus inattendues des circonstances, je croise C :
Beau (vraiment), poli (au-delà de mes critères), venu d’ailleurs (d’un endroit à la fois rare, éloigné et poétique) et manifestement profond (genre, je suis mature, j’écoute et je comprends les gens & les situations + j’ai moi-même traversé des choses et les océans)
Tout ce que j’aime et j’admire, je recherche, j'apprécie
Un vrai mec, en fait, solide, profond et viril
Ce qui ne gâche rien, le garçon semble m’avoir remarquée … nos regards se croisent toute la soirée, nos échanges semblent montrer une connexion facile, et … il manœuvre pour pouvoir me raccompagner et savoir si / quand nous nous reverrons
Bref, un tantinet vieille peau malgré tout, je le quitte en me disant, à la fois, « Wouaouuuuuuu » et « Bon, keep calm et ‘faut voir ; mais ‘va vraiment falloir (re)voir» …. (Enfin, majoritairement en mode « Waouuuuuuuuuuuuuuuuuu », si je veux être tout à fait honnête).
Mercredi matin, je suis perchée loin là-haut sur un nuage et contente - contente- contente que, coup de pot spectaculaire, la vie l’ai fait croiser mon chemin (et aussi, tenez-vous bien & buvons le calice jusqu’à la lie : contente qu’il existe) …
Just happy, légère, détendue et … midinette : « là dans mon cœur, quelqu’un joue du tam tam, à l’intérieur et ça fait du ramdam » chantait Dave
(Ben oui, j’étais très atteinte)
Jeudi et vendredi : à présent, on sombre dans l’adolescence orthodoxe (enfin, si l’on peut dire, car peut être, je dis bien peut être, en étions nous déjà là depuis mardi soir ?) : débat du jour : « oui, mais comment, sans que mes copines me trouvent trop lourde ou trop ado, et sans qu’elles identifient mon intérêt pour le garçon, le revoir (puisqu’il me l’a demandé en me raccompagnant mardi soir) ??? »
Bref, je fais un compromis avec mon âge, mes principes et tout le cortège et … « rendez-vous qui ne dit pas son nom » est pris pour samedi soir, au milieu du tas de copains communs, donc.
ACTE 2 : ATTERRISSAGE BRUTAL (Ball Trap ?) / « Maléfique »
Nous sommes samedi soir ; l’homme n’est pas au premier lieu de rendez-vous, mais propose qu’on le rejoigne à l’autre bout de la capitale …
Au second point de ralliement, l’homme ténébreux tout-ça-tout-ça a l’air un peu changé : il ricane, entouré de 4/5 barbies très jeunes et très légères, dans un bar très à la mode, empli de jeunes gens de la com’ (troquet très cher, se prenant très au sérieux, mais sans confort ni joie) …
Il est manifestement très pris par ces échanges et par l’atmosphère réputée « parisienne » de l’endroit … et propose de nous rejoindre à un troisième lieu, plus tard ….
Au troisième point de rencontre, nous avons devant nous un homme déclarant un travail de créatif et 36 ans, mais ayant, à mes yeux, tous les traits du jeune bizut d’école de commerce : l’alcool a manifestement du mal à être métabolisé et monsieur glousse souvent, assez peu à propos … le col en V est trop bien placé et trop bien étudié pour des pecs déjà notables … les battements de cils sont fréquents, et superflus car ses yeux sont déjà un point d’attraction en soi
Ivre du « tout Paris », monsieur vire et virevolte, enchaîne les verres, nous fait filer de bar en bar …
Ivre « des petites femmes de Paris », monsieur m’ignore totalement, pour écouter ce que racontent les gogos danseuses de la table d’à côté, pour commander un verre, pour haranguer une des copines mignonnes du groupe d’amis, pour battre des cils, pour disserter sur des points de la vie que j’estime « de surface », etc …
Bref, je perds patience, je perds intérêt, je perds fraîcheur …. Et l’évite à mon tour, résolue (mais un tantinet irritée, malgré tout) à profiter de la présence de mes amis et de cette belle nuit d’été …
RIDEAU
Encore bref, lorsqu’en fin de soirée, monsieur se souvient de ma présence et me dit, tout à trac, qu’il a pour devise / ligne de conduite / ambition / fierté, de toujours s’améliorer, de revenir de son mieux sur ses imperfections ou ses échecs … alors, je pense un truc du genre : c’est bien beau d’intellectualiser et d’afficher des ambitions de progrès personnel, mais un des autres vrais enjeux de la vie est d’être un « vrai mec », avec des poils au menton, du cran, de la dignité, de la constance, de la simplicité et de la solidité …. Avec des actes, quoi
Affreux, non ? Oui !
Pire : j’aurais pu ne prendre cette soirée que pour une soirée … je devrais concevoir qu’on puisse, parfois, un soir, être un peu différent de ce qu’on est vraiment au fond de soi … imaginer qu’un papillon de nuit puisse papillonner un soir d’été à Pigalle et tout aussi bien être, les journées d’avant ou d’après, une personne « charnue » … mais je ne l’ai pas fait, en vieille talibane – raide que je semble être.
Encore plus vilain : même pour un one night stand, je ne me sens pas attirée par un brave petit gars dévorant la vie à pleine dents et j’ai, apparemment, besoin des grands mots (maturité, nuances et tutti) et du grand show, en illogique & dure bonne femme que je semble être.
Conclusion / Questions :
Je ne me comprends pas plus dans les envolées inconsidérées, que dans le tir au missile sans sommation sur les braves petites lucioles (qui ne m’avaient rien demandé)
Je ne me reconnais pas en princesse à la pantoufle de vair égarée ... et je ne m’aime vraiment pas en fée amputée de ses ailes et passée en mode furie