Le cow-boy (plus trop sexy) au soleil couchant
Ca y est la clope, je crois que j’ai compris, enfin, ton truc
Pourtant, ça fait longtemps qu’on chemine ensemble
T’as été maligne … redoutable, même
Mais bon, en face, tu trouvais quelqu’un de très jeune
Et puis, avec un bon terrain, aussi : deux parents gros fumeurs, époque moins informée (ou moins informante ?)
Ensuite, ça restait assez facile pour toi : le départ tôt du foyer, beaucoup de travail, pas mal de voyages, beaucoup de fêtes... Autant d’occasions assez favorables à ton petit tissage de toile perfide
Avec le recul, je sais maintenant que ta vraie force était en fait ma naïveté : Comme tous les gens jeunes, je me suis pensée plus intelligente, plus forte que toi, au dessus de toi … et, de toute façon, invincible
Longtemps, pour moi, c’est comme si tu n’étais pas vraiment là : tu ne me gênais pas, je pensais que tu m’accordais un personnage et que tu étais indissociable des moments de plaisir et de fête, que tu n’étais qu’une vague fréquentation, dont je saurais, évidemment, me passer lorsque je me serais lassée de toi
Puis, c’est devenu moins cool : Tu as commencé à me faire vivre des moments pas bien grandioses, et plusieurs fois (faire 45 min en voiture pour trouver un paquet de tes petites cochonneries … ne plus pouvoir se concentrer sans toi, ni même écouter vraiment quoi que ce soit au-delà de 3h)
Mais, là encore, mon manque de présence à moi-même et mon manque de discernement t’ont permis de rester, encore inaperçue ou, du moins, pas encore identifiée sous ton vrai visage
Les années passent encore, et là, la vie me rattrape : la maladie, l’hôpital, la terreur et tout le cortège
Rien à voir avec toi, cette maladie, mais, là, fini pour moi de planer : atterrissage forcé et, finalement, découverte aussi de l’importance d’un corps, et du prix inestimable de pouvoir se déplacer, par soi même, pour voir le soleil et écouter les petits oiseaux etcetera... Découverte de l’extrême fragilité aussi, de ce même bien si précieux
Mais là, c’était fini : t’avais fait ton nid, tu me tenais bien, bien serrée, et plus moyen de se défaire de tous ces puissants réflexes conditionnés que toi, et moi (sans le savoir ni le vouloir vraiment), avions désormais installés chez moi
A ce stade, tu étais maintenant de trop : je n’aime pas ton goût, ton odeur m’insupporte, et je trouve ton prix scandaleux … je ne te veux pas, mais pas moyen de te virer … ni avec toi - ni sans toi, comme dans les histoires de couple foireuses et dangereuses
Tu sais, tu te crois maligne parce que les jours passent, passent, et que tu es toujours dans mes pattes et dans ma vie
Mais chacun de ces jours qui passent est aussi, malgré tout, invariablement, un jour où je ne veux plus de toi
« Des mots », dis-tu ?
Surtout, mais pas que …
Là, j’ai tenté tout l’arsenal : Hypnose, Patchs, Consultation Tabacco, Sevrage à la dure, Tricot
« Sans succès » dis-tu, et c’est vrai
Mais chaque échec, même si il t’aide à me faire me sentir comme une pauvre petite chose à ta complète merci, ne m’ôte toujours pas cette idée que je ne veux plus de toi
Et maintenant, les années qui ont passé ont rajouté des enjeux, eux aussi, en ta défaveur, cette fois :
J’ai réussi, furtivement, à t’éloigner et je sais que c’est possible (reste à durer)
J’ai un bébé à faire devenir grand, sans le planter là et, même, je veux être mamie, tiens
Je ne veux pas perdre pour toi ce que j’ai découvert être aussi précieux et qui a déjà failli m’être pris
Surtout, tu sais, je viens de le piger, depuis peu :
Ton truc, ton ressort, c’est que tu te mets dans la faille laissée grande ouverte par les personnes comme moi … ceux qui essaient de tenir le monde à (bonne) distance leur personne … ceux qui ont peur, ou pas (assez) foi dans le bonheur … ceux qui n’imaginent pas que le bonheur ne va peut être pas se gagner aux poings contre le monde entier, mais que peut être il se laisse tout simplement (ad)venir … ceux qui ont besoin de se replier sur eux, souvent, dans la journée …
Ta force, avec moi, ces dernières années, n’a été que de profiter de mes doutes et de mon manque de calme... bref, de tout ce qui faisait que je n’étais pas à 100% du temps 100% sûre de vouloir à 100% être là, au monde
Alors voilà, sache le, j’ai trouvé, j’ai mis le temps, mais je le tiens : Ta force n’a jamais été que ma seule naïveté, puis mes tâtonnements dans mon rapport au monde et à la vie ; elle n’existe pas en soi, cette force, elle n’est jamais que l’espace et les occasions que je laissais, en fait.
Et, si tout se passe selon mes vœux
Et si mes nouvelles façons de penser et d’agir prennent corps
Même si je n’arriverai certainement pas à tous ces 100% réunis
Du moment que je garde le cap vers un %age honorable sur l’essentiel des rubriques,
Alors tchao pantin
Et :
Ce n’est pas toi qui rigoleras sur ma tombe
Mais bien moi qui irais cracher sur la tienne